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REFLEXIONS. Télétravail: Arrêt sur images.

  • laurenttrail94
  • 3 juin 2020
  • 3 min de lecture

Souhaitant traiter cette semaine de la mobilité (après l’auto hier), il me semblait judicieux de commencer par l’exact opposé, l’immobilité, sous la forme du télétravail et notamment son impact économique, dans une phase de relance, que l’on souhaite la plus forte possible. En effet, dépassant les considérations communes admises sur l’attrait de télétravail, les effets économiques sont manifestement négatifs si jamais le télétravail devenait la norme, avec un taux d’utilisation par exemple supérieur à 50% du temps et des employés:

1) Certes nous avons une plus grande productivité effective pour 75% des employés (entre 5% et 30% de productivité supplémentaire) mais une moindre pour les 25% restants. Pour l’entreprise l’intérêt semble évident : en plus de la hausse de productivité, et d’un moindre absentéisme, il y a moins de frais de nettoyage, de moindres surfaces de bureau (taux d’occupation moyen de 45%), la capacité de limiter l’impact d’une grève des transports ou d’une pandémie qui se répercutent en une baisse des frais généraux.


2) Mais aussi un appauvrissement du tissu environnant les entreprises : si le repas de midi est pris dans sa propre cuisine, quid de la restauration collective, des restaurants et brasserie, des services annexes de soin à la personne. Ce n’est pas un hasard si Sodexo/ Elior réagissent à la moindre annonce autour du déconfinement mais surtout sur le retour des employés à leurs bureaux.


3) Un réseau de transport calibré pour transporter un certain nombre de personnes : le flux de travailleurs devrait-il chuter de 30 ou 40% que de nombreuses lignes de dessertes en bus ou trains ne seraient plus rentables. Or moins de fréquence, moins d’utilisation et nous arrivons dans le cercle infernal du niveau optimum d’utilisation d’un service. La baisse de la congestion aux heures de pointe permettrait cependant en contrepartie à de nombreux artisans, entrepreneurs de gagner en heures de travail effectif.


4) Une offre de services sans relation avec le travail mais qui profite de la présence des employés pour exister. Pensons aux salles de spectacle, aux salles de sport, cinémas qui existent parce que nous sommes déjà en ville. Une fois en banlieue, le réflexe sera-t-il le même d’aller reprendre les transports pour le divertissement ? Il y aura un coût d’opportunité immense. Une offre locale peut-elle sortir renforcée… ? Difficile à dire.


5) Moins de déplacements induisent certes un impact carbone moindre (et aussi moins de risque d’accidents sur le trajet travail/domicile) mais quid des maladies liées à l’insuffisance d’exercices physiques.


6) L’impact sur la consommation est manifeste

a) directement : moins d’achats spontanés, moindres visites de commerçants dans les centres urbains,

b) indirectement : le formalisme propre à une tenue de travail disparaît au profit de vêtements de loisirs qui deviennent la norme (non seulement moindre consommation de costumes, mais aussi de maquillage, chaussures, etc..). Donc non seulement en volume mais en mix (plus low cost), l’habillement, accessoires, service à la personne seront à moindre valeur ajoutée.

7) En revanche en réduisant la pression foncière, de moindres surfaces de bureau réduisent la hausse des prix de l’immobilier tout en redynamisant celui des centres peri-urbains.

La solution idéale semble être une population en télétravail qui ne dépasse pas les 25% du personnel pour un taux de travail de 30% en télétravail. Dans ce contexte, cela ne détruit pas massivement le tissu économique qui entoure les entreprises, permet de conserver un lien social et la diffusion de l’information informelle. Une réorganisation des méthodes de travail reste clé et doit se faire sur un temps long (pas en l’espace de 1 ou 2 ans). Dans l’intervalle, n’oublions pas que le modèle de télétravail va de paire avec un changement sociétal autour de la valeur travail, de nos modes de consommation et de notre rapport au « local », dans le sens propre comme figuré.

Alors que la récession impacte massivement tous les pans de l’économie, les exigences "d’un monde d’après" différentes de celles "d’un monde d’avant" portent les germes d’une acceptation de la décroissance, d’une acceptation d’un mode salarial qui arrive à ses limites et une certaine uberisation du travail. Surtout le télétravail réintroduit une classification entre col bleus et cols blancs, ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas faire du télétravail. D’exception deviendrait-il un facteur distinctif et donc déterminant d’une population, que l’on éclaterait encore plus la cohésion au sein d’une entreprise ou dans la société. L’exemple actuel entre les personnes en premières lignes et les autres l’illustre parfaitement.

Le défi de la relance de la consommation, condition sine qua non pour éviter une deuxième vague de baisse du PIB, ne peut pour l’instant pas s’appuyer sur un élargissement du télétravail à plus de 25%/30% ; mais à moyen terme est-ce que le gain (économique) pour l’entreprise et (de qualité de vie) pour le salarié doivent surpasser le risque d’un vivre / travailler ensemble qui perdrait encore plus de son sens ?

A demain,

Laurent

 
 
 

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