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REFLEXIONS. Il faut prendre les droits de CO2 en compte (courant ou sur livret).

  • laurenttrail94
  • 1 mars 2021
  • 4 min de lecture

La lecture de l’article de Reuters (https://reut.rs/3km8iB7) sur la floraison de nouvelles bourses d’échange de droits de CO2 me rappelle la multiplication des nouvelles crypto-currencies après le succès initial du lancement du bitcoin il y a 5 ans. La hausse récente des droits de CO2 illustre cependant davantage l’appétit que 1) tout allocataire d’actif va avoir pour un actif limité, 2) l’importance que prend dans la communication financière d’une entreprise l’objectif de parvenir à une neutralité carbone, 3) la croissance économique qui repart et qui demande plus de droits d’émettre (et donc de compenser) avec des Etats depuis la Cop 21 qui sont de véritables parties prenantes. Nous savons combien il est plus facile de taxer les entreprises que les particuliers (rappelons nous la dernière taxe carbone sur l’essence en France), et il serait illusoire de penser que les entreprises sacrifieront leurs marges au bénéfice de la compensation carbone ; la hausse se répercute donc sur leurs prix de vente, et donc sur le pouvoir d’achat du consommateur. Cette taxe déguisée qui s’appelle inflation des coûts (directs et indirects) est le véritable enjeu macro-économique des prochaines années. Surtout qu’elle s’ajoute, même si tout cela est d’une certaine manière lié, à des problèmes de fret, de phénomènes météo ou phytosanitaires extrêmes. La Fed ne s’y est pas trompé en mettant l’accent il y a 10 jours sur les taux d’intérêts réels plutôt que nominaux. L’inflation est donc là pour rester, et cette taxe sur l’épargne est aussi la réponse à la hausse des endettements des pouvoirs publics. La lecture boursière est évidente avec la surpondération actions, cycliques, conso discrétionnaire et services qui disposent autant que faire se peut d’un levier opérationnel. Cependant si l’on se penche sur un horizon plus lointain concernant l’impact de ces droits de CO2, nous constatons qu’il ébranle bien plus que les monnaies digitales la suprématie des Banques Centrales. Le droit de CO2 pourrait-il devenir une monnaie d’échange à part entière et qui aurait le pouvoir de battre cette monnaie ? Les droits de CO2 sont dès lors au cœur de notre réflexion sur le monde d’après.


Et c’est parce que le problème devient financier, qu’il devient philosophique et politique (auparavant il était seulement idéologique). Quelle est la responsabilité individuelle, comment la puissance publique se doit d’insuffler les investissements « verts », quelle est la contribution de chacun et comment la quantifier, privilégier la méthode coercitive sous forme de taxes ou volontaire sous forme d’éducation et de changement de mode de vie ? C’est donc une question de moyens, de méthode certes alors que le projet de loi climat doit être débattu à l’Assemblée Nationale, mais plus encore comment limiter et réduire les émissions de manière indolore et pratique.


Doit-on affecter à tout nouveau-né un nombre de droits d’émettre du CO2, à charge pour lui de gérer au mieux son compte durant son existence, ou doit-on comme nous pouvons déjà le faire avec les transports en avion compenser directement notre consommation en tirant sur notre épargne ? Comme l’article le signale le transport aérien est parmi les secteurs les plus avancés sur la discussion mais notre épargne, dont tous les journaux se gargarisent, ne va-t-elle tout simplement pas être transformée en un nouvel emprunt russe pour financer des projets aux rendements aléatoires ou ne va-t-on pas plutôt jouer sur la consommation en ajoutant un abonnement, après ceux aux gaz, électricité, téléphonie, un abonnement pour émettre chaque mois tant de kg de CO2 ? Dès lors que l’on déplacerait un niveau considéré comme normal pour un citoyen lambda, il faudrait recharger ces droits pour un coût croissant tandis que l’Etat prendrait à sa charge pour les populations les plus pauvres une partie de cet abonnement (comme il le fait déjà pour certains services). Nul doute dès lors que l’achat de quelques bitcoin par exemple grillerait l’intégralité de votre forfait mensuel. L’arbitrage en termes d’allocation d’actif (pour reprendre le point 1 ci-dessus) serait alors plus complexe mais plus efficace et moins hypocrite que de rajouter deux fonds verts à un portefeuille qui compterait des crypto-monnaies (dans leur forme actuelle). Nous verrions alors la valeur du droit de CO2 croître quand celle des autres placements alternatifs baisserait.


Si ces droits sont aujourd’hui une charge (pour les entreprises) ou pour les particuliers lorsqu’ils se cachent derrière la dénomination d’écotaxes, s’ils sont aussi un avoir pour les entités absorbant et transformant le CO2, quid d’un livret d’épargne CO2 qui matérialiserait ce que les générations font aujourd’hui en plantant un arbre pour les générations futures. A coté de votre compte titre, compte courant, actifs immobiliers, il reste à imaginer ce compte CO2 pour particulier, avec comme raisonnement ultime cet actif, ce droit universel, qui prendrait la place des monnaies nationales.

Je m’emballe, ce qui n’est pas très écologique, mais plutôt que recycler les vieilles méthodes, il reste à inventer ce système financier avec ses régulateurs, ses systèmes d’échange (voir le rôle que les systèmes de paiement pourraient alors avoir, justifiant de rester exposer à ce segment en dépit des valorisations actuelles), ses acteurs ou alors nous allons devoir rester dans le modèle d’impôts sur l’émetteur ou le consommateur, avec une redistribution qui sera toujours questionnable et une inflation qui ne ferait que commencer.

 
 
 

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