REFLEXIONS. Central-e gagnant.
- laurenttrail94
- 3 juin 2020
- 3 min de lecture
Après la mobilité la semaine dernière, le thème central de celle-ci sera justement le qualificatif central-e. Nous constatons combien nos destins sont de plus en plus dans des mains toujours plus haut placées : C’était l’agence du coin de la rue qui décidait de notre risque crédit, aujourd’hui c’est à Francfort auprès de la BCE, le maire avait auparavant un rôle de chef d’orchestre de la vie locale, aujourd’hui nous attendons le discours du 1er ministre. Parallèlement, le transfert de l’information, l’autorité qui passait par le manager local, le responsable de filiale est diffusé maintenant directement par le directeur général : Passer de 15, 20 à 2000 participants ne change rien à la visio/audio-conférence. C’est l’enseignement que l’on pourrait tirer de ces 3 derniers mois : nous réclamons plus de proximité, de local, moins de globalisation, d’unification, quand c’est exactement l’inverse que nous vivons et acceptons. Il y a une partie contrainte, liée au confinement et la pandémie, mais je crains que cette centralisation de la décision i.e. l’absence d’interprétation locale qui fait le sel des relations humaines et qui permet d’adapter le langage à chacun de ses interlocuteurs, ait un effet négatif à moyen terme. C’est ouvrir la question du rôle des managers intermédiaires, qui ne soient pas seulement des contrôleurs, ou des acteurs de la vie publique locale, tels que politiques mais aussi forces de l’ordre ; c’est la question des relations sociales dans un monde où la distanciation sociale nous jette dans les bras des réseaux sociaux, celle du commerce local, qui passé les bonnes intentions est incompatible avec un monde déflationniste. C’est aussi l’impression que la reprise économique comme sociale est quasi dictée par l’autorité centrale. C’est la nature même de la réponse au risque sanitaire, j’en suis conscient (on ne peut pas demander à l’Etat de payer les salaires et ensuite que l’on décide soi-même quand, comment, où nous allons retravailler), idem pour les restrictions nécessaires de libertés individuelles pour le bien commun. Je n’oublierais pas à cet instant le qualificatif de guerre employé, à juste titre par notre Président. Mais c’est un trait, le centralisme, dans lequel nous risquons toujours de retomber. Il importe que la reprise venant nous n’y succombions pas.
Et comme en France tout finit en chanson, Central-e gagnant (normalement je n’ai pas besoin de spécifier sur quelle musique).
Central, que de crimes n’ai-je commis en ton nom.
Fini le féodal, armons les bataillons,
Cherchons notre pitance à la capitale.
Tournons-nous donc vers elle, dès lors que tout va mal ;
Et saluons le centre, là où tout se décide.
Paradoxe ultime pour un peuple régicide,
Se disant girondin, mais votant montagnard,
C’est à Paris que les hommes sont à la barre.
Pour lancer la reprise, plus de télétravail,
Mais consommons, il n’y a que cela qui vaille.
Comme une force de rappel le centre se distingue,
Distribuant l’aide sociale qui coute un pognon de dingue.
C’est l’expression choisie par la Présidence,
Pour conjurer l’Etat et sa munificence.
Finies les régions, la décentralisation,
La crise venue, à Paris la solution,
Pour ensuite logique, entrer en rébellion
Contre ce haut pouvoir dit de coercition.
Comprendrai-je ce peuple, si atrabilaire ?
Réclamant tout le temps, tout et son contraire.
Cherchant notre salut dans les banques centrales,
Ou auprès des instances gouvernementales.
Même les syndicats, considèrent la centrale,
Comme un lieu de pouvoir, magistral, intégral.
Pour aider l’occasion, lacentrale étudions
Il n’y a pas cinquante mille solutions,
Sur cette place de marché de substitution,
Acheteurs et vendeurs réduisent les émissions.
Remplaçons l’essence par l’électricité.
Du pétrole nous manquons, nous avons des centrales
Hydrauliques, gaz, nucléaires, mais pas au gasoil;
Les énergies fossiles n’ont plus droit de cité.
Libérons les prisons, vidons les Centrales,
Pendant le déconfinement, plus de confinés.
Relâchés, libérés, ils ont pu faire leur malle,
Bien avant que leur peine soit toute terminée.
Pour dénicher, acheter et stocker des masques,
Les centrales d’achats des grands distributeurs,
Plus futés que l’Etat ont bravé la bourrasque,
Se présentant comme de meilleurs importateurs,
Jetant alors un trouble dont ils sont les fauteurs,
Faisant passer fonctionnaires pour des amateurs.
La France se rêverait plus fédérale,
Cherchant à renforcer le pouvoir régional,
Risquant d’être malade pour des municipales,
Défendant coute que coute les départementales,
Mais pas de plus beau combat que les cantonales.
La question territoriale secoue les élites,
Pendant que partout l’autorité se délite,
Le pouvoir de l’absurde pour sa part se dilate,
Multipliant règlements combien disparates.
M’empêchant de juger cette question ancestrale,
Qui Paris ou la province peut mieux gérer.
Pas une cible mais un cœur, c’est l’organe central,
Qu‘il nous faut accepter, nous les administrés,
nous, les administrés.
PS, n’hésitez pas à me contacter si vous voulez la version chantée.
A demain,
Laurent
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