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REFLEXIONS. Banques : Un lourd héritage pour quel avenir ?

  • laurenttrail94
  • 21 mai 2020
  • 3 min de lecture

Devrait-on inventer un monde nouveau, libéré des infrastructures existantes, y aurait-il des banques ? Il y aurait des services de paiement, des courtiers en prêts, des sociétés de gestion et des CGP, des assureurs qui mutualiseraient votre risque, et des sociétés de prêts qui à la consommation, qui pour l’auto, qui pour l’immobilier. Les grandes entreprises se refinanceraient auprès des gérants d’actifs qui arriveraient à structurer des tranches de CDO selon la catégorie de l’emprunteur, sa région, la garantie, les opérations de haut de bilan seraient réalisées par des cabinets d’avocats qui se sont diversifiés et qui s’appuieraient sur un réseau de sociétés de gestion qui sous forme de fonds de PE ou fonds publics financeraient telle ou telle opération.

Cela peut sembler un scénario catastrophe pour le secteur bancaire tel qu’il subsiste aujourd’hui mais n’a-t-il pas déjà basculé dans cette uberisation des services financiers : Quid demain si les filiales d’assurance(-vie ou dommages) des banques étaient complètement détachés, comme l’on déjà été pour beaucoup les activités de gestion d’actifs. Vendre l’asset management semblait une hérésie il y a 10 ans. Comme se séparer de la BFI l’est encore aujourd’hui alors que les banques ajustent année après année le périmètre (à la baisse) de cette activité. La blockchain permet de garantir les transactions financières, et l’intelligence artificielle permet à un prestataire tel que Experian d’en savoir plus sur n’importe quel client que n’importe quel conseiller bancaire. L’Etat, à chaque crise en profite pour retirer une fonction importante des banques privées : la transformation monétaire et la gestion du risque vers des structures paraétatiques, banques publiques, BCE, le Trésor. Nationaliser le coût du risque à partir du moment où le risque devient de toute façon trop élevé pour être porté par une suite d’acteurs privés est la fonction primaire du QE et de la monétisation de la dette.

Les ROTE pourront continuer de chuter au fur et à mesure que les actionnaires arbitreront leurs investissements vers des activités connexes, moins consommateur de capitaux avec des structures de coûts plus agiles. Sous prétexte de diversification ils retireront les capitaux propres (ou ne fourniront pas les besoins marginaux supplémentaires) qui permettraient aux banques de se transformer en holding de services financiers. Ce que certaines essaient de faire aujourd’hui mais les coûts embarqués et les bilans investis empêchent de mener la mission jusqu’au bout.

Je prenais hier exemple sur le Japon, l’impact qu’a pu avoir la crise de 1990 sur le secteur bancaire qui était numéro mondial en 1989 avec parmi 4 banques parmi les 5 plus grosses banques (la 5ème était le Crédit Lyonnais), pour finir complètement par disparaitre et se retrancher sur son marché domestique 30 ans plus tard. Cette aversion au risque est plus élevée à chaque crise, avec à chaque fois un coût de plus en plus élevé s’il était porté juste par les banques (2008/2012/aujourd’hui). Ajoutons la digitalisation de la monnaie (interrogation sur l’avenir de la monnaie fiduciaire dont les banques ont encore le monopole de distribution) qui va s’accélérer post pandémie, et la dématérialisation de la relation clients sera achevée.

L’analyse de McKinsey, reprise dans Les Echos aujourd’hui, enfonce, comme chaque année un peu plus les perspectives du secteur et si les fusions sont inéluctables, la comparaison avec le secteur sidérurgique se justifie : alors qu’il y a 50 ans, existaient des centaines de producteurs d’acier en Europe, au regard des CAPEX nécessaires, des coûts fixes et des facteurs environnementaux, les vagues de fusion, sous la supervision des différents gouvernements, ont permis de faire sortir dans chaque pays un ou deux champions nationaux, qui ont finit par fusionner entre eux, avant de se faire racheter par un concurrent asiatique. Avec in fine quelques mini-mills qui subsistent dans des coins reculés de l’Europe et le dernier champion allemand qui finit lui aussi par vaciller.

La transformation pourrait être beaucoup plus rapide pour le secteur bancaire, portée par l’incapacité des Etats à gérer dans le temps (comme ils l’ont fait pour la sidérurgie) l’éclatement du modèle. Je sais enfoncer une porte ouverte au regard de la performance du secteur depuis maintenant 10 ans en Europe, mais la politique de taux négatifs qui se diffuserait aux USA retirerait tout espoir que le secteur se normalise à un moment ou à un autre. Comme les années 1995/2005 ont définitivement sonné le glas de l’espoir d’un rebond de la sidérurgie avec la montée des capacités de production dans les pays émergents et surtout la Chine. Si les liquidités sont ad vitam aeternam abondantes et gratuites, un bon smartphone et un compte à la Banque de France suffiront à chacun de nous.

 
 
 

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